dimanche 11 avril 2021

CHILOÉ, BERCEAU DE FRANCISCO COLOANE

CHILOÉ, BERCEAU DE FRANCISCO COLOANE


«CHILOÉ, BERCEAU DE FRANCISCO COLOANE» 
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jeudi 19 juillet 2018

108ÈME ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE L'ÉCRIVAIN FRANCISCO COLOANE.

 FRANCISCO COLOANE
1910 -19 JUILLET- 2018
108ÈME ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE FRANCISCO COLOANE.
FRANCISCO COLOANE LORS D'UNE RENCONTRE
D'ÉCRIVAINS À ISLA NEGRA. PHOTO HANS EHRMANN
Francisco Coloane fut un écrivain chilien né le 19 juillet 1910 à Quemchi, sur l'île de Chiloé, et mort le 5 août 2002 à Santiago du Chili. Conteur et nouvelliste, il n'a cessé de raconter la vie australe.

jeudi 31 août 2017

FRANCISCO COLOANE REÇOIT LE PRIX NATIONAL DE LITTÉRATURE DU CHILI 1964

FRANCISCO COLOANE LORS D'UNE RENCONTRE
D'ÉCRIVAINS CHEZ NERUDA À  L'ÎLE NOIRE.
AUTEUR HANS EHRMANN
Francisco Coloane lauréat du Prix de la Société d'Écrivains en 1957, et du Prix National de Littérature en 1964,  son œuvre  elle à été traduite en de nombreuses langues à l'étranger et une partie adaptée au cinéma. « Le passant du monde », comme il se désignait, demeure l'un des plus grands écrivains chiliens du XXème siècle.
Né le 19 juillet 1910 à Quemchi, Chiloé au sud du Chili, Francisco Coloane a notamment reçu le prix national de littérature du Chili pour l'ensemble de son œuvre en 1964. L’une de ses ouvrages les plus connues est « El último grumete de La Baquedano, Le dernier Mousse (1941) ». Un adolescent embarque clandestinement sur une Corvette et se lance à la recherche de son frère perdu en mer

jeudi 7 juillet 2016

CENT-SIXIÈME ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE L'ÉCRIVAIN FRANCISCO COLOANE.


FRANCISCO COLOANE

Grand connaisseur des mentalités et des mœurs des 
ces peuplades indiennes, Coloane sera aussi l’un de leurs premiers et plus ardents défenseurs.

FRANCISCO COLOANE
Coloane a également fréquenté de près la population cosmopolite des régions antarctiques, où se mêlent marins, chasseurs de phoques, chercheurs d’or, contrebandiers, pirates, trafiquants, bourlingueurs et aventuriers sans foi ni loi.

Coloane est né sur l’île de Chiloé, dans l’extrême sud du pays le 19 juin 1910. Journaliste à Santiago, il écrit des nouvelles dans un style admirable de force expressive et de sobriété. Les quatorze récits de Cabo de Hornos, Cap Horn (1941) restituent, dans un climat hallucinant, des épisodes dramatiques où le réel se confond avec la légende. Son œuvre se poursuit par El último grumete de la Baquedano, Le dernier Mousse (1941). Un adolescent embarque clandestinement sur une Corvette et se lance à la recherche de son frère perdu en mer. Les histoires dans Golfo de Penas, Le Golfe des peines (1945), Los conquistadores de la Antártida, Antartida (1945), Tierra del Fuego, La Terre de Feu (1957), El camino de la ballena, Le sillage de la baleine (1962) ont toujours pour cadre les confins du monde, ce Grand Sud qui fascine le romancier. Rastros del Guanaco blanco, El Guanaco (1980) évoque l’extermination des indiens Selk’nam, chassés de leurs terres transformées en pâturage à moutons.

Ami et camarade de Pablo Neruda, dont il partagea l’idéal communiste, c’est Coloane qui s’occupa de la veillée funéraire du poète et qui prononça son éloge funèbre. Rappelons que la maison de Neruda avait été saccagée et ses livres brûlés ; ses funérailles avaient donné lieu à la première manifestation de protestation contre la terreur dictatoriale.

Los pasos del hombre, Le Passant du bout du monde (2000) retrace le parcours accidenté et la profusion de rencontres et expériences du vieux baroudeur. Ce récit de vie fantaisiste, où s’inscrivent des souvenirs d’exil en Argentine et des voyages en Europe et en Asie, s’achève sur ces mots : «Je rêve souvent de mon père et j’entends ses dernier mots : reprenons la mer.»

Son dernier livre Naufragios : reflexiones y ficciones, Naufrages (2002), mêle l’autobiographie à l’évocation des diverses catastrophes maritimes de 1520 à nos jours. Membre de l’Académie chilienne de la Langue, Francisco Coloane est mort le 5 août à Santiago du Chili.

« CAP HORN »: COLOANE, CHILI INCARNÉ.

FRANCISCO COLOANE

L'enthousiasme critique et public qui accueillit la publication en France de Tierra del Fuego l'an dernier fut si impressionnant, inattendu et unanime, qu'il parvint même aux antipodes: dans son numéro du 30 avril 1994, et sur trois pages de son supplément culturel, le vénérable Mercurio de Santiago du Chili s'esbaudissait sur le «succès fracassant des récits d'aventures de Francisco Coloane en France», allant même jusqu'à citer les critiques parisiens et les ventes (plus de vingt-cinq mille en quelques mois). La reconnaissance de Coloane et des journalistes chiliens envers le discernement des lecteurs français fait un peu mal au ventre et donne une mesure émouvante de leur insularité culturelle: ils devraient plutôt nous insulter d'avoir mis plus de cinquante ans à reconnaître un écrivain d'une telle stature. Le recueil Cap Horn est paru au Chili en 1941, et c'est d'ailleurs dans El Mercurio qu'est parue la nouvellle éponyme en 1937.
Chiens, chevaux, hommes On pourrait charitablement attribuer cet angle mort à son sujet au fait que Coloane, jusque vers les années 80, a toujours été publié chez lui en éditions pour adolescents ­ alors qu'il n'a véritablement écrit qu'un roman pour la jeunesse, le Dernier Mousse du Baquedano, que Phébus doit publier l'an prochain. Bien sûr, d'autres que lui ont subi le même sort; on a cité London et Stevenson, mais aucun d'eux n'écrit avec la même sauvagerie. C'est plutôt à un autre écrivain sud-américain qu'on songerait, lui aussi longtemps relégué aux livres de contes dans son propre pays, en dépit du tragique et de la noirceur de ses écrits: Horacio Quiroga et ses histoires de poules décapitées, méningites et autres morts violentes. L'éditeur français y a peut-être pensé qui, en quatrième de couverture de Tierra del Fuego, parle «d'histoire de folie et de mort».

Le titre d'une nouvelle de Cap Horn offre un raccourci des choses sur lesquelles Coloane écrit si bien: «Chiens, chevaux, hommes.» On pourrait ajouter: bateaux, îles, oiseaux, moutons et or. Mais le bout du monde dont parle Coloane n'a rien à voir avec les paysages idylliques que rapportait W.H. Hudson dans Un flâneur en Patagonie, ni ce qu'en a ramené Chatwin en parlant à des Ecossais exilés. Chez Coloane, les oiseaux crèvent les yeux des moutons, les troupeaux de moutons forment «une masse blanchâtre pareille à un amoncellement de neige sale, calme et triste, indifférent au froid et au vent». Les hommes violent, tuent ou deviennent fous de solitude. Tout est bon à l'exutoire: quand les brebis accommodantes viennent à manquer, une femelle de phoque fait parfois l'affaire; sauf que chez Coloane, l'animal est dépecé vif après le gang-bang. Tout, du meurtre à l'animalisme, revient à une question d'économie. Mais Coloane a aussi sa dimension fantastique: la bestiole dépecée a mystérieusement disparu de la plage et revient hanter le sommeil du misérable. Il y a chez Coloane des histoires de chiens fidèles et d'agneaux mascottes, mais elles se terminent souvent chez le boucher.

Berger, dépeceur, matelot puis capitaine Le nouveau recueil (qui précédait Tierra del Fuego de dix bonnes années) s'ouvre sur «La voix du vent», qui souffle des choses étranges à Denis, ancien dépeceur reconverti comme gardien de troupeaux au poste 21 d'une estancia désolée. S'étant procuré femme dans un bordel de Rio Grande, il se lasse vite de sa félicité domestique et commence à regarder le cou de sa Lucretia avec un intérêt particulier. C'est entre Chaplin et Edgar Poe. Aucune psychologie chez Coloane: c'est l'appel du sang qui meut son infortuné écarisseur, qui y a trop pris goût avec les moutons.

Aussi fantastiques que peuvent l'être parfois ses histoires (voir l'étonnant «Supplice de l'eau et de la lune»), c'est encore le vérisme qui déroute le plus chez Coloane: ayant été tour à tour berger, dépeceur et gérant d'estancia, matelot puis capitaine de cotres, journaliste et explorateur polaire, étant en outre grand lecteur de Darwin ­ qu'il admire presque autant que son idole Pablo Neruda ­, on peut bien sûr toujours compter sur lui pour donner le nom juste, la bonne description de la mata negra, cet arbuste antarctique à bois creux. On apprend aussi avec lui que les couteaux utilisés sur les estancias portent le nom de la ville suédoise qui les fabrique, Eskilstuna. Mais le vérisme de Coloane pénètre jusqu'à la trame dramatique; il n'a pas peur d'une fin prosaïque. La longue nouvelle, «Tierra del Fuego», a beau commencer au galop, la mort aux trousses, et se lire un peu comme un Trésor de la Sierra Madre austral, elle se termine non pas sur un rire hustonien, mais avec le laconisme pratique d'un western de Boetticher: «Des hommes on pouvait attendre le bien comme le mal; tout dépendait des circonstances.»

JULIUS POPPER OU JULIO POPPER, NÉ LE 15 DÉCEMBRE 1857 À BUCAREST ET MORT LE 5 JUIN 1893
À BUENOS AIRES, FUT UN EXPLORATEUR,
AVENTURIER ET INGÉNIEUR ROUMAIN.
C'est ce que ce curieux pays fait aux hommes que décrit Coloane: un homme doux peut devenir calmement assassin, un cuistot acariâtre peut devenir doux comme un agneau, et même un Chilote peut mourir en héros. Coloane explique souvent qu'il y a deux sortes d'écrivains de la mer: les «océaniques» et les «îliens». Natif de Quemchi sur l'île de Chiloe (donc Chilote), il fait partie de la seconde catégorie. Ce sont les terres qui l'intéressent le plus, et les hommes. On trouve chez lui deux immigrants cossards de l'Adriatique qui «moissonnent» la mer avec un filet et un camion, au grand dam des autochtones. Et un Roumain mythique nommé Julio Poppper, premier industriel de l'or et «roi du Paramo», qui utilise l'énergie des marées pour alimenter les cribles de ses orpailleurs esclaves.

Dernière chance C'est au prosélytisme d'Alvaro Mutis qu'on doit de lire aujourd'hui Coloane en France. On s'explique mal, surtout vu l'intense va-et- vient des réfugiés chiliens ici, comment pareil colosse ait pu rester inconnu aussi longtemps, d'autant qu'il est une figure très respectée chez lui. On s'explique encore moins bien comment Chatwin ait pu l'ignorer comme source dans la bibliographie d'En Patagonie, et vraisemblablement ignorer jusqu'à son existence. Il est vrai que l'inimitié entre Chiliens et Patagons est toujours vivace depuis que l'Angleterre a tracé une frontière arbitraire entre les deux nations (et la Terre de Feu, qu'elle divise en deux). Et l'on croit savoir que Chatwin ne parlait pas espagnol, ou très mal. Le cinéaste Raoul Ruiz raconte qu'aucun Chilien ne peut lire En Patagonie sans rigoler, parce que le mot espagnol pour mylodon (le «rosebud» de Chatwin) est aussi l'argot local pour «chagatte». Il n'empêche: dans la nouvelle «Sur le cheval de l'aurore», Coloane nous emmène à l'intérieur même de la fameuse grotte du Mylodon, près d'Ultima Esperanza. Et Jose Macias, le gréviste agitateur devenu coiffeur à Puerto Natale que retrouve Chatwin, ainsi que son pote Bautista Diaz Low, n'étaient-ils pas tous deux de Chiloe?

Il est des écrivains qui vous font désirer voir des endroits perdus, comme Konstantiin Paoustoski et son golfe de Kara-Bogaz. Coloane sait conjurer pour nous ces improbables contrées qui ont pour nom Dernière Chance ou Baie Inutile. C'est peu dire que l'on attend avec impatience de lire ses autres livres comme le Golfe des peines, ses Memorias Octogenarias qu'il a presque terminées, ou encore son livre sur les naufrages en Terre de Feu. - 

Philippe Garnier

mercredi 14 janvier 2015

FRANCISCO COLOANE, QUÊTE INITIATIQUE AU LARGE DU CAP HORN

FRANCISCO COLOANE

En inventant des personnages qui sont des colporteurs d’immensité, des marins brisés par l’adversité, des chasseurs de cachalots perdus dans les brumes, de vieux cabochards agrippés à leurs haubans, des gauchos en vadrouille dans les vastes estancias, des Indiens égarés dans les eaux glacées, des desperados à la trogne cramoisie, des forçats échappés du bagne d’Ushuaia, des chercheurs d’or aux poches éternellement vides, des contrebandiers sans trésor, autant d’êtres qui se débattent au cœur d’une nature encore féerique. «C’est elle qui m’inspire, disait l’auteur de Cap Horn. Dans mes livres, je voudrais retrouver la pulsion sensuelle de l’univers, et surtout de la mer. Il faut savoir penser comme elle. Tout naît d’elle, nous sommes ses enfants. Consciemment ou pas, nous sommes un rejet de ses flots. La qualité de l’homme, on la mesure grâce à la mer.»

Et même lorsqu’il parle de la terre, Coloane garde le pied marin: sous sa plume, les pampas australes et les steppes de Patagonie sont des océans constellés de récifs hostiles entre lesquels des solitaires cherchent leur salut, tandis que les vents mugissent en décornant les cœurs.

Le «Léviatan»

Pour nous permettre de renouer avec l’enchanteur chilien, Phébus vient de rééditer quatre livres au long cours, des récits ouverts sur les vastes mystères du monde. Le Sillage de la baleine, d’abord, que Coloane a écrit en se souvenant de la mort de son père, noyé en haute mer quand il était encore enfant. Son héros, le jeune Pedro Nauto, est lui aussi un orphelin blessé qui découvre trop brutalement le dur métier de vivre: sur l’île de Chiloé, le chant des sirènes ressemble à un requiem… Alors, pour oublier ses tourments, Pedro va s’embarquer sur le Leviatan, un baleinier à bord duquel il écumera l’Antarctique, à la poursuite de sa Moby Dick dans des espaces irréels où il faut louvoyer entre les icebergs, où l’on tue les pingouins à coups de rames pour survivre, où les canons ont remplacé les vieux harpons et où, bien sûr, chaque matelot a une histoire à raconter. On largue les amarres à notre tour en accompagnant le jeune aventurier dans cette odyssée saturée d’embruns, pendant que Coloane burine une prose virile, calleuse, parfois aussi déchiquetée que les rochers du cap Horn.

Au paradis des loutres

Nous ne changeons pas de décor avec Le Dernier Mousse, puisque nous sommes de nouveau au large de la Terre de Feu, à bord du Baquedano, une corvette blanche sur laquelle s’est embarqué un passager clandestin: Alejandro Silva, un diablotin de 15 ans qui finira par être déniché au fond de la soute où il s’est caché, parmi les rats et les cordages. Après une rude semonce, le fugueur sera vite adoubé par l’équipage, trois cents fiers-à-bras tout droit sortis de chez Joseph Conrad. Sa première nuit, Alejandro la passe à trembler sur un hamac, avant d’être réveillé au clairon, tondu, sanglé dans un uniforme de coutil, et affecté au mât de trinquette. La besogne est harassante, et la mer impitoyable: notre moussaillon apprendra à essuyer les pires tempêtes, à décapiter les icebergs à coups de canon, à déjouer les pièges des pirates et, bien sûr, à affronter le redoutable cap Horn, sombre bloc erratique derrière lequel se cache un royaume inconnu, le «Paradis des Loutres».

C’est là, dans le miroitement des banquises argentées, que vivent les Indiens Yaghan: Alejandro sera initié à leurs rites, à leurs cérémonies, à leurs danses sacrales. Le récit vire alors à la chronique ethnographique avec, au bout du périple, cette devise que pourraient revendiquer tous les héros de Coloane: «Nous sommes comme les glaces: la vie nous fait parfois chavirer et nous change de forme.»

Sur le Baquedano, Coloane a lui-même navigué, en 1934, pendant un bref passage dans les rangs de la marine de guerre. Puis la vaillante corvette a rendu l’âme, au bord d’un dock ténébreux de Valparaiso. Mais ses voiles immaculées dansent toujours à l’horizon de nos songes, grâce à ce roman.

Typhons et corsaires

La suite du Dernier Mousse, Coloane l’a imaginée dans Antartida, un roman d’apprentissage où l’on retrouve Alejandro Silva. Après sa découverte du «Paradis des Loutres», il est rentré au bercail mais il s’ennuie ferme, tout en travaillant dans une station radio perdue au bout du monde, sur une falaise flagellée par les vents. Au large, il y a le cap Horn, monstre cyclopéen gavé du sang des naufragés. Et plus loin encore, encalminée dans les neiges éternelles, il y a la mythique et énigmatique «Antartida», une terra incognita où personne n’a jamais osé s’aventurer. Sauf Alejandro qui, en compagnie de trois cabochards de son espèce, poussera son cotre jusqu’à cette Atlantide polaire dont nul ne revient vivant, disent les légendes.

Typhons, corsaires surgis des confins, vaisseaux fantômes croisés comme dans un rêve, concerts de baleines bleues, cadavres d’Indiens congelés dans les glaces, rien ne manque dans ce récit où se mêlent la quête initiatique et la peinture d’un Chili enlisé dans ses superstitions.

Restent les dix-huit nouvelles rassemblées dans Le Golfe des peines, un recueil où l’on rencontre une fois encore les personnages favoris de Coloane, des trimardeurs qui s’escriment à garder le cap dans les frimas, sur de piteux rafiots, pour des aventures au bout desquelles ils empoignent la mort à mains nues en se posant une seule question: «Comment continuer à vivre au milieu de la désolation, sans devenir fou?». Mais il y a aussi, dans ces récits, le Coloane reporter qui évoque les expéditions polaires des années 1930, la construction du premier phare sur la banquise, les grèves de 1921 et leurs atroces fusillades ou les ravages de la tuberculose au Chili.

Quant aux légendes, elles déferlent sous la plume de Coloane, comme dans ses autres livres. Elles l’ont constamment nourri et il les a réinventées dans le tohu-bohu d’une œuvre qui ressemble à une somptueuse gerbe d’encre et d’écume, à une tornade verbale jamais interrompue. Avec cet avertissement, en guise de mode d’emploi: «L’écrivain doit prendre soin de sa phrase comme l’équipage prend soin du pont.»

mercredi 20 mars 2013

RHEA DE DARWIN

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THE ZOOLOGY OF THE BEAGLE, PART3, 5PL XLVII : RHEA DARWINII


Oiseau coureur, incapable de voler, rappelant l'autruche, vivant dans les plaines d'Amérique du Sud. Classe : Oiseaux ; ordre : Rhéiformes ; famille : Rhéidés.

Les nandous, appartenant au groupe des Ratites (oiseaux coureurs), sont représentés par deux espèces : le nandou commun ou nandou américain (Rhea americana), le plus grand (1,40 m de hauteur pour 25 kg), et le nandou de Darwin (Pterocnemia pennata), ne dépassant pas 1 mètre de hauteur pour un poids maximal de 10 kilogrammes. Ils sont caractérisés par de longues pattes qui se terminent par trois doigts, des cuisses et un cou emplumés. Leurs ailes, inaptes au vol, jouent un rôle de balancier, lorsqu'ils courent, et portent une griffe. Leur plumage gris assure un parfait camouflage. Leur espérance de vie atteint vingt ans.

Les nandous sont sédentaires et vivent en groupes dans les pampas sèches ou humides du sud de l'Amazonie à la Patagonie. Leur régime alimentaire se compose essentiellement de racines, de graines, de feuilles, de fruits et parfois d'insectes et de petits vertébrés. Lors de la période de reproduction (été austral), les nandous se séparent : les femelles forment de petites unités et les mâles partent à la recherche d'un territoire qu'ils disputent aux rivaux par des morsures et des coups de pattes. Le vainqueur commence sa parade nuptiale afin d'attirer entre deux et douze femelles qui viendront pondre, tous les deux ou trois jours, dans le nid qu'il a creusé et aménagé au sol. La ponte terminée (entre treize et trente œufs de couleur blanc crémeux), il chasse les femelles, qui partent alors s'accoupler avec un autre mâle, et commence à couver. L'incubation dure de 35 à 40 jours. Comme ceux de l'autruche, les petits, au plumage gris rayé, sont nidifuges : ils quittent le nid quelques jours après l'éclosion et suivent le mâle, trouvant refuge sous ses ailes pour se protéger du froid nocturne, des fortes chaleurs ou du moindre danger. Au bout de six mois, les jeunes quittent le mâle et restent ensemble jusqu'à deux ans, âge de la maturité sexuelle.

Les nandous ont longtemps été exploités par l'homme, tant pour leurs plumes que pour leur viande, leur graisse ou leurs œufs. Aujourd'hui, ils sont victimes de la réduction de leur territoire et de la concurrence avec le bétail. Bien que protégées, les populations diminuent chaque année.
Emmanuelle GOIX



En 1833, Darwin avait trouvé en escale à Porto Deseado (Patagonie argentine )  une espèce de Rhea, une sorte d'autruche aussi appelée Nandou et qui avait semble avoir été servie sur la table du Capitaine FitzRoy comme dinde de Noël. Darwin raconte l'histoire ainsi :

« La première fois que j'entendis parler de cette espèce, c'était dans le Rio Negro où les gauchos décrivaient un oiseau très rare chez eux,  qu'il nommaient Avestruz Petise, assez ressemblant avec l'autruche qui y est abondante, mais à la couleur sombre et tachetée, aux pattes plus courtes et au plumage plus bas; cette espèce ètait signalée comme beaucoup plus abondante dès que l'on descendait un degrè et demi plus au sud.

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 RHEA DARWINII DANS DARWININ LONDON 

Lorsqu' à Porto Deseado Mr Martens a abattu une autruche, j'avais oublié la Petise, et je pensais qu'il avait tué l'espèce commune. Lorsque la mémoire me revint, l'oiseau était déjà plumé et cuit. Mais la tête, le cou, les pattes, les ailes, les principales plumes et une grande partie de la peau avaient été préservés, et un spécimen tout à fait convenable a pu être confectionné : c'est lui qu'on peut voir exposé au musée de la Société Zoologique  »  (traduction libre personnelle)

 Gould confirma  à Darwin qu'il s'agissait d'une espèce nouvelle qu'il baptisa Rhea de Darwin (actuellement Rhea pennata ), et non de Rhea americana dont le territoire en Argentine se situe plus au nord, et qui avait été décrite par Linné ( Syst. Nat. 1758 p.155 ). On doit le genre Rhea à Brisson (Orn.1 p 46; 5 p. 8 ). Il publia sa description dans les Proceeding ofZoological Society, 1837, P.35.

jeudi 22 juillet 2010

COLOANE 100

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Retrato de Francisco Coloane


2010 es el año del centenario del escritor Francisco Coloane, considerado como el escritor más grande de Chile del siglo XX, conocido en el mundo entero y traducido a más de una docena de lenguas.

Uno de las grandes aportes del escritor a la literatura contemporánea fue integrar las tierras australes y la historia de varios pueblos originarios americanos -como los Chonos, los Alakaluf, los Yaghan, Tehuelche y Ona- al patrimonio cultural de la humanidad.

Gran conocedor de las mentalidades y costumbres de los pueblos indígenas, Coloane será también uno de sus primeros y más ardientes defensores.

Coloane también frecuentó de cerca la población cosmopolita de las regiones Antárticas, en las que se mezclan marineros, cazadores de focas, buscadores de oro, contrabandistas, piratas, traficantes, trotamundos y aventureros sin dios ni ley.

Coloane nació en la isla de Chiloé, en el extremo meridional del país el 19 de junio de 1910. Periodista en Santiago, escribe cuentos en un estilo admirable por su fuerza expresiva y su sobriedad.

Los catorce cuentos de Cabo de Hornos (1941), restituyen en un clima alucinante, episodios dramáticos en los que la realidad se confunde con la leyenda. Su obra se prosigue por El último grumete de la Baquedano (1941). Un adolescente se embarca clandestinamente en una corbeta y parte en busca de su hermano, perdido en el mar.

Las historias del Golfo de Penas (1945), Los conquistadores de la Antártica (1945), Tierra del Fuego (1957), El camino de la ballena (1962) tienen siempre como marco los confines del mundo, aquel Gran Sur que fascina al novelista. Rastros del Guanaco blanco (1980) evoca el exterminio de los indios Selk'nam, expulsados de sus tierras, transformadas en tierras de pastoreo para ovejas.

Amigo y compañero de Pablo Neruda, con quien compartiera el ideal comunista, fue Coloane el encargado de la velada fúnebre del poeta y quien pronunció su elogio póstumo en Septiembre de 1973. 

Recordemos que la casa de Neruda - Premio Nóbel de literatura en 1971- había sido saqueada y sus libros quemados; sus funerales dieron lugar a la primera manifestación de protesta contra el terror dictatorial.
Los pasos del hombre (2000) retraza el trayecto accidentado y la profusión de encuentros y experiencias del viejo trotamundos. Este relato de vida aventurera, donde se inscriben memorias del exilio en Argentina y viajes por Europa y Asia, se termina sobre estas palabras: « a menudo sueño con mi padre y oigo sus últimas palabras: volvamos al mar. »

Su último libro a Naufragios: reflexiones ficciones (2002), mezcla la autobiografía y la evocación de diversas catástrofes marítimas de 1520 hasta nuestros días. Miembro de la Academia chilena de la Lengua, Francisco Coloane murió el 5 de agosto de 2002 en Santiago de Chile.

mercredi 21 juillet 2010

TEXTES LUS PAR FRANCISCO COLOANE

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Francisco Coloane, Témpano sumergido, del libro Tierra del Fuego.

lundi 19 juillet 2010

COLOANE 100


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FRANCISCO COLOANE 1953 
L'un des grands apports de l’écrivain à la littérature contemporaine a été d’intégrer les terres australes et l’histoire de certains peuples originaires américains tels que les Chonos, les Alakaluf, les Yaghan, les Tehuelche et les Ona au patrimoine culturel de l’humanité.

Grand connaisseur des mentalités et des mœurs des ces peuplades indiennes, Coloane sera aussi l’un de leurs premiers et plus ardents défenseurs.

Coloane a également fréquenté de près la population cosmopolite des régions antarctiques, où se mêlent marins, chasseurs de phoques, chercheurs d’or, contrebandiers, pirates, trafiquants, bourlingueurs et aventuriers sans foi ni loi.

Coloane est né sur l’île de Chiloé, dans l’extrême sud du pays le 19 juin 1910. Journaliste à Santiago, il écrit des nouvelles dans un style admirable de force expressive et de sobriété. Les quatorze récits de Cabo de Hornos, Cap Horn (1941) restituent, dans un climat hallucinant, des épisodes dramatiques où le réel se confond avec la légende. Son œuvre se poursuit par El último grumete de la Baquedano, Le dernier Mousse (1941). Un adolescent embarque clandestinement sur une Corvette et se lance à la recherche de son frère perdu en mer. Les histoires dans Golfo de Penas, Le Golfe des peines (1945), Los conquistadores de la Antártida, Antartida (1945), Tierra del Fuego, La Terre de Feu (1957), El camino de la ballena, Le sillage de la baleine (1962) ont toujours pour cadre les confins du monde, ce Grand Sud qui fascine le romancier. Rastros del Guanaco blanco, El Guanaco (1980) évoque l’extermination des indiens Selk’nam, chassés de leurs terres transformées en pâturage à moutons.

FANCISCO COLOANE LORS DE LA VEILLÉE
FUNÉRAIRE DU POÈTE PABLO NERUDA 
Ami et camarade de Pablo Neruda, dont il partagea l’idéal communiste, c’est Coloane qui s’occupa de la veillée funéraire du poète et qui prononça son éloge funèbre. Rappelons que la maison de Neruda avait été saccagée et ses livres brûlés ; ses funérailles avaient donné lieu à la première manifestation de protestation contre la terreur dictatoriale.

Los pasos del hombre, Le Passant du bout du monde (2000) retrace le parcours accidenté et la profusion de rencontres et expériences du vieux baroudeur. Ce récit de vie fantaisiste, où s’inscrivent des souvenirs d’exil en Argentine et des voyages en Europe et en Asie, s’achève sur ces mots : «Je rêve souvent de mon père et j’entends ses dernier mots : reprenons la mer.»

Son dernier livre Naufragios : reflexiones y ficciones, Naufrages (2002), mêle l’autobiographie à l’évocation des diverses catastrophes maritimes de 1520 à nos jours. Membre de l’Académie chilienne de la Langue, Francisco Coloane est mort le 5 août à Santiago du Chili.

TÉMPANO SUMERGIDO

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Francisco Coloane, Témpano sumergido, del libro Tierra del Fuego.

Un hombre de guardapolvo gris salió de la garita del muelle y acercándose me dijo:

-¿Quiere usted ir a trabajar a Navarino?

-¿Navarino?… -le respondí, tratando de recordar.

-¡Sí, Navarino! -me dijo-. La isla grande que queda al sur del canal Beagle. Allí se necesita una persona que pueda hacer de todo un poco.

La proposición me tomó en uno de esos días en que uno puede zarpar hacia cualquier parte y en un momento en que vagaba por los malecones como separado de mí mismo, cual esos retazos de nube que quedan flotando sobre la tierra después de alguna tempestad y que se van con el primer viento que llega.

Algo como una tempestad de la que quedaba aún en mi mente la imagen de una mujer y una gota de sombra en mi corazón, que se repartía de tarde en tarde por mi sangre.

Sin embargo, cuando firmé el contrato, no sentí la alegría de otras veces en que fijé mi vida en algo. Libre y cesante, tal vez perdía alguna cosa al abandonar ese limbo de la ociosidad y penetrar, no bien despierto, en esa obscura finalidad que me hizo aceptar el ofrecimiento de Navarino.

El muelle de Punta Arenas, tapizado de nieve, penetraba como una sombra blanca en el mar y en la noche. A su costado, la escampavía Micalvi, humeante sólo esperaba, para desabracar, el embarque de una expedición de buscadores de oro que iban a las islas Lennox y Picton. El chirrido de los winches lascando las eslingas se mezclaba a las voces de los hombres, entre los que se notaban varios borrachos que, más sabios que yo, pasaban de una vida a otra con una viada alcohólica.

Tres individuos dirigían el embarque de maquinarias y víveres, y sus flamantes ropas de cuero y el embarazo con que ordenaban las maniobras delataban su inexperiencia de hombres de ciudad, poco acostumbrados a esa clase de faenas. Sus voces eran altisonantes, nerviosas y apresuradas, y de la treintena de obreros se escapaban más de una imprecación por lo bajo, al ver la inseguridad y vacilación de aquellos jefes.

Los marineros contemplaban con cierta indiferencia el bullicioso embarque de los auríferos, y más de alguno sonreía al recordar otras expediciones que habían visto partir con tantas esperanzas como ésta, pero mucho mejor organizadas, y regresar después diezmadas, pobres y corroídas por el hambre, el amotinamiento y la codicia por la posesión de ese metal.

A las nueve, el barco lanzó su tercer pitazo de reglamento, largó espías y fue despegándose lentamente del muelle a medida que viraba sus anclas, y puso proa al suroeste. Pronto la ciudad fue perdiéndose como una diadema de brillantes en las márgenes del Estrecho.

A bordo iban, además de los bulliciosos auríferos que no terminaban nunca de arreglar sus enseres, pobladores de las islas y leñadores que la escampavía debía ir dejando por los más apartados y solitarios rincones.

Me acodé sobre la baranda en un rincón de la cubierta y me puse a silbar una melodía que a menudo trae a mi memoria recuerdos agradables, sensaciones, colores, cosas que son como las luces de bengala que se encendían en las noches de Navidad en mi lejana infancia.

El barco avanzaba como un monstruo plomizo, pesado, abriendo una herida blanca en el mar y un halo esfumado en la noche; el jadeo monocorde de sus máquinas acompasaba con mi canción, y así, unidos, parecía que nos íbamos hundiendo entre los obscuros elementos del sur.

Alrededor de la medianoche, el sueño empezó a rozarme con su ala de cuervo. A lo mejor no había hecho otra cosa que esperarlo sobre cubierta para evitar el estar despierto en el desagradable recinto de la tercera clase. No lo dejé pasar y me deslicé por el entrepuente.

La tercera clase es igual en todas partes, en la tierra como en el mar, y los seres que pertenecemos a ella también somos iguales. Todos formamos una especie de frontera de la humanidad; eso que es como la costra de la tierra, la que se queda afuera, sobresalida, recibiendo en la superficie el roce de la intemperie, el hálito de los astros, mientras la bola opaca rueda y rueda para sostenerse en la noche de los abismos.

La tercera clase de la Micalvi confirmaba la regla. Instalada en la parte superior de la bodega de proa, parecía una sala de cárcel con sus catres de fierro armados unos sobre otros; tal vez este parecido trajo a mi memoria la enseñanza que en una ocasión me proporcionó un preso: puse el jergón de paja sobre mi cuerpo a manera de frazada, en vez de usarlo de colchón, y me tendí a dormir.

Al día siguiente amanecimos por los canales que bajan hasta conectarse con el brazo noroeste del Beagle. La atmósfera era una de las más transparentes que he hallado en mi vida. Los cerros entre los que navegábamos semejaban manadas de monstruos marinos echados sobre las aguas, de dorsos blancos, alisado por el peine de los vientos. El canal se rompía en un trecho y por él entraba el océano Pacífico aún, con sus mares bobas, que pasaban meciendo a la nave de babor a estribor, para ir a reventarse entre los acantilados de la costa en un rosal de espumas.

Los buscadores de oro deambulaban por el castillo, más tranquilos y silenciosos. Algunos pobladores ricos, con sus mujeres e hijas, alternaban en el puente con los oficiales. En los pasillos, gente anónima y obscura; por entre ésta me deslicé cuando se me pasó el deslumbramiento de luz, y me fui a acomodar en la popa, cerca de un grupo de cuatro personas, entre las que se destacaba un hombre gigantesco, de cabeza grande y cuadrada, cuyos ojos y labios no se distinguían, perdidos entre una maraña de pelos. Según supe después, era uno de los más ricos ganaderos del Beagle, un yugoslavo que prefería la compañía de los obreros la de los oficiales.

El grupo permanecía en actitud de conversar, pero estático y en silencio. Después de un largo rato, el inmenso yugoslavo levantó un brazo con la pesantez de una grúa, y señalando las rocas que quedaban a la cuadra, dijo con una voz muy ronca:

-¡En esa piedra estuve una vez ocho días!

La voz era de trueno, pero el acento balbuciente y la pronunciación prolongaba las “s” y las convertía en “ch”, como la media lengua de un niño de pocos años. Todo lo cual daba una impresión, más que cómica, extraña.

-¡Casi me muero; comía veinte porotos crudos por día! -continuó-. ¡Por ahí adentro hay indios, pero ni uno solo se asomó!

Y no dijo más. El grupo no hizo un solo comentario, dejó de mirar las rocas y todos volvieron a su actitud hierática.

Contrastando con esta sobriedad, un hombre de mediana estatura, moreno y enjuto, vociferaba en el puente discutiendo con un oficial.

-¡Porco, madonna! -gritaba con una mezcla de italiano y español-. ¡A vosotros qué interesare, pasaje, cobra chipe! Io me arregla solo, Io no más soportare tuto lo que viniere! ¡Porco, madonna!

El oficial conservaba una calma imperturbable, mientras su interlocutor gesticulaba como si fuera a atacarlo. Éste era un conocido cazador de lobos, Pascualini, de origen napolitano, famoso en la región por sus correrías y sobre todo por haber raptado del presidio de Ushuaia a Radowisky, el anarquista que “mató” al coronel Falcón en Buenos Aires. Protestaba porque no accedían a desembarcarlo en el lugar por el que surcábamos.

Mas convenció al oficial y el barco disminuyó su andar; con las máquinas sobre marcha, Pascualini arrió su chalana de no más de cuatro metros de eslora, embarcó un saquillo con víveres, amarró uno de los remos en el banco del medio a modo de palo mayor, izó de vela una frazada amarrada a una verga hecha de un mango de escobillón, puso el otro remo de bayona, se sentó junto a él y con un “adío” estentóreo se desabracó y enfiló rumbo empujado por la brisa del suroeste.

-¡Éste es un atorrante de los mares! -dijo uno de los de a bordo-. Vive un tiempo entre los indios y otro día cualquiera sale al paso del buque, lo hace detener como ahora, y embarca su cosecha de cueros de nutria y de lobo.

A través de tres días de navegación, la Micalvi fue regando su cargamento por diferentes rincones. En Lennox quedaron los auríferos y yo fui el último en desembarcar en Puerto Robalo, cuando el barco ya casi completaba la vuelta a la isla de Navarino.

Puerto Robalo está al pie de una cordillera que cae casi a pique en el mar, de manera que el vallecillo que corre junto a la costa parece un refugio de enanos en una tierra de cíclopes. El Beagle, próximo a desembocar en el Atlántico, forma allí una corriente curiosa debido a algún solevantamiento rocoso; las aguas se cruzan formando una rara trama y huyen formando remolinos vertiginosos en las álgidas horas de las mareas.

Allí me esperaba Harberton, un anciano alto, de rostro rugoso y oscuro como la corteza de los robles. Vestía un chaquetón de grueso paño negro reverdecido como los musgos por el tiempo; un sombrero igual, de anchas alas levantadas, le daba un aspecto de pastor protestante.

-¡Buenos días! -me dijo en un tono desabrido y en una forma como si hubiéramos estado siempre juntos.

Me condujo hasta la casa que quedaba junto a un robledal, construida con gruesos troncos de árboles partidos y techada con cinc. En ella encontré una joven mujer india y cuatro niños.

Mis labores consistieron en ayudar al cuidado de dos mil ovejas, en el encierro de algunas vacas, en la enyugada de una yunta de bueyes de vez en cuando, en el fondeo del trasmallo cuando había necesidad de abastecer la cocina con pescado y en algunos otros quehaceres.

El trabajo era muy fácil y me di cuenta de que mi persona casi estaba de más, porque Harberton lo hacía casi todo pausadamente.

Por otra parte, fui cambiando rápidamente de opinión con respecto al lugar. Me sobraban las horas, y los trabajos se hacían con el placer de un juego. Ordeñaba, hacheaba en el bosque, repechaba los senderos en busca del ganado, y en las mañanas en que recogía la red me deleitaba viendo saltar en el fondo de la chalana a los robalos relucientes, como docenas de brazos cortados.

Todo anduvo muy bien en aquel idílico rincón durante el primer tiempo…

Digo el primer tiempo, porque sólo al cabo de dos o tres semanas fui notando la extraña influencia que poco a poco me llevó hasta la desesperación.

Harberton no hablaba. Después de haberme dado las instrucciones, enseñado los caminos y dividido las faenas con el, permaneció en el más completo silencio.

Su mujer y los niños parecían estar acostumbrados a este mutismo; pero a mí hombre joven me fue dañando poco a poco la presencia de este hombre silencioso.

Se levantaba con el alba, ponía en su morral de lona algo de carne o pescado ahumado, pan y cebolla, y partía hacia la montaña, de donde regresaba con el anochecer.

En una ocasión en que se desencadenó una tempestad de nieve y no regresó en toda la noche al rancho, salí en la mañana siguiente a capearlo, creyendo que podría haberle sucedido algún percance. Lo encontré en una de las cumbres más altas, guarecido en una cueva natural hecha en la roca; fumaba su cachimba de tabaco “octoroom” y contemplaba, fijos los ojos en la lejanía, a la naturaleza circundante; el Beagle pasaba abajo, como un verde sendero florecido de espumas; era lo único era diferente, todo lo demás estaba completamente blanco. Los últimos contrafuertes andinos que terminan con la Tierra del Fuego se atravesaban como lunas partidas, y la isla de Navarino misma semejaba el comienzo de otro mundo blanco y ajeno.

La india tampoco hablaba; después de sus afanes domésticos permanecía en un rincón, en cuclillas, con un niño entre las faldas. El mayor de éstos andaba en los once años y era hijo de la primera mujer de india Harberton; los otros dos, de la segunda, y el cuarto, de la tercera. Las dos anteriores, también indias yaganas, habían muerto cumpliendo el sino que persigue a las mujeres de esa raza cuando son hembras de blanco.

Me refugié en los niños. Les hice un pizarrón y con una tierra parecida a la tiza les enseñé a escribir y leer. Los formaba a menudo frente a unos buscavientos que les fabriqué en forma de aviones, cuyan hélices engranadas producían un ruido semejante al de los motores y les hacía practicar ejercicios gimnásticos sencillos, trotes y juegos, hasta que poco a poco fui formando con ellos un pequeño grupo social, sano y alegre, que suavizaba un poco esa dura monotonía.

-¡Papá no habla nunca! -me dijo un día el mayorcito.
-¡Sí, habla -le respondí-, habla con los árboles, con las nubes y con las piedras!

El niño se echó a reír y yo no pude menos que hacer otro tanto, aunque de buena gana hubiera hecho lo contrario.

”¿Por qué este hombre era así?”, me preguntaba cada vez con más insistencia. No era curiosidad por saber lo que encerraba aquel individuo, que a lo mejor no era otra cosa que estupidez o cansancio de viejo; no era tampoco amor propio o susceptibilidad herida, sino que simplemente el anhelo de hablar con un ser racional. ¡Y el único que había allí era él, y él me negaba este precioso don!

Pero un día puse término a mis obsesiones con esta determinación: “¡Este hombre no está en sus cabales -me dije-; éste está loco de soledad, de silencio, quizás de qué, y si yo sigo aquí me voy a poner tan loco como él; así es que me voy con la primera cosa que parta!”

Mas a Puerto Robalo no arribaba ni una mala canoa de indios. Sólo la escampavía de la Armada de Chile recalaba por obligación cada tres o cuatro meses, ¡y en esta ocasión ya llevaba cinco sin pasar!

La suerte, que al dar a uno un bien da a otro un mal, quiso que una goleta averiada por un temporal pasara una tarde a capear en la ensenada de Puerto Robalo. Iba rumbo a Ushuaia y en la radioestación de Wulaia supo que la escampavía anunciaba su crucero por la isla para el lunes próximo, y ya nos encontrábamos a viernes.

Comunique a Harberton mi resolución de partir, y el domingo por la noche, bajo la luz de una lámpara de parafina, me presentó una correcta liquidación de mis haberes.

Aquella noche me despedí de los moradores y me acosté pensando en que felizmente al día siguiente abandonaría esa tierra de cordilleras destrozadas y hundidas en el mar, y sobre todo la presencia de ese hombre extraño, sumergido en su silencio como un témpano que sólo mostraba una séptima parte de su dimensión, y aun tan rugosa y pétrea como la naturaleza que lo circundaba.

La aurora azulaba las rendijas de las ventanas de mi cuarto cuando intenté levantarme; pero me hallé fuertemente amarrado a las maderas del catre. En lo profundo del sueño alguien había deslizado sigilosamente esos cordeles que me aprisionaban como un niño indígena a su cuna portátil.

Forcejeé cuanto pude, llamé y grité sin resultado alguno. Permanecí así, alternando momentos de cólera bestial con apaciguamientos resignados de derrota; pero mi desgracia llegó a su colmo cuando al promediar la mañana oí de pronto el estridente pitazo de la escampavía que anunciaba su recalada.
Al rato oí unas voces en la pieza vecina, pasos y rumores como de disputa y llantos. De pronto el grito de un niño se destacó entre la confusión de ruidos, y el muchacho mayor, Dino, se abalanzó en mi pieza con un cuchilllo en la mano. Se había dado cuenta de mi situación y venía a ayudarme, a pesar de los esfuerzos que hacía la madre por contenerlo.

-¡Las manos primero, Dino! -le grité al ver que en su apuro quería empezar por las filásticas que amarraban mis pies.

En un triste estuve libre. Le di un abrazo a mi salvador, recogí mis pocos bártulos y salí corriendo; al pasar pude ver de refilón la cara asustada de la mujer yagana.

Corrí como un loco por la pendiente hasta la playa, agitando los brazos para que el barco no me dejara. Por suerte, la chalupa recién estaba siendo arriada de los pescantes.

En mi apresuramiento no había observado que Harberton estaba en la playa esperándola.

Cuando me vio llegar se acercó y con un tono y una mirada que no olvidaré jamás, me dijo:

-¡No se vaya, quédese! ¡Yo voy a morir pronto, y los niños y ella, que son unos animalitos, no sabrán qué hacer! ¡Vendrá la rapiña, alguien se hará dueño de esto y los echarán de aquí!! ¡Excúseme lo que he hecho, pero no quería que se fuera! ¡Usted puede ser el dueño de todo esto y cuidar de ellos como lo ha hecho hasta ahora! ¡Yo no se lo quería decir, porque quería probarlo más! ¡Muchos años he buscado a un hombre como usted! ¡No se vaya, lo haré dueño de todo! ¡Búsquese una prima de mi mujer y quédese!
Su voz era destemplada y me daba la impresión de oírla por primera vez; quedó agotado de hablar; sus labios estaban temblorosos como en una plegaria, y la mirada…, ¡ah!…, ¡esa mirada de súplica no la podré olvidar jamás!

Empecé a vacilar, como tantas veces en mi vida. Le miré el rostro, rugoso como la cáscara de los robles; me acordé de su sórdido silencio; miré la piedra por donde repechaban unos árboles aparragados por el viento, como manos mendicantes; miré al barco, humeante; a la chalupa ballenera que ya llegaba a la playa, y, como todas las veces en que me he encontrado indeciso, me decidí por el lado en que en ese momento estaba mi corazón; esta vez, por ese lado esperaba el barco…

Al descender de regreso en el muelle fiscal de Punta Arenas, salió otra vez de las garitas aquel hombrecillo de guardapolvo gris, cuya proposición me empujó a tan extraño viaje.

Creí que me iba a hacer de nuevo la misma pregunta: ¿quiere ir usted a trabajar a Navarino?, al ver que se dirigía tan decididamente a mi encuentro; pero no; con su cara de conejo, riendo toda, me dijo:

-¿No aguanto más?

-¡No aguanté más! -le respondí.

-¡Lo mismo que los otros! -replicó-. ¡Ninguno dejó pasar más de una vez a la escampavía! -Y se alejó, riendo sin sentido.

”¡Sí -me dije mirándolo, no sé bien si con desprecio o con rabia-, lo mismo que los otros; pero ninguno como yo vio lo que el témpano ocultaba debajo de las aguas! ¡Nadie vislumbró la ternura de esa naturaleza sumergida! ¡Un día tal vez he de volver a Puerto Robalo! ¡Seré rico; el silencio del antiguo dueño lo transformaré en bullicio alegre; entonces me gustará hasta la joven viuda; con los niños, ya mozos, aparejaremos un cúter esbelto como un albatros y nos iremos por las islas arponeando lobos a la manera yagana!”

Pero no he vuelto todavía.